dimanche 4 mars 2007

Le Senderens: "Des vins qui rentrent dans les plats comme le Yin dans le Yang"

vb



Bon alors celui là, il nous aura bien fait fantasmer. Le Senderens... Place de la Madeleine, Paris VIIIème. Un stupre art-déco avec boiseries vernies, tableaux de verre gravé qui brillent dans la lumière tamisée, tables futuro-chics années 70 sans nappe siou plait (!) et fauteuils en cuir incurvés sur les côtés. Assez bluffant. Petit bémol cependant: la proximité des tables. On pouvait sans problème entendre la conversation des deux quadras typés "vieux beaux" qui bossent dans la finance (Exane?) à côté de nous. Mais à part ce petit problème (faut bien qu'il vive Senderens...), ce fut un régal. Les vins, les plats, le service... Tout frôle la perfection chez feu-Lucas Carton. Même le prix... Surtout qu'on a été invité et qu'on a déboursé... 20 euros de pourboire. Et croyez moi, à 10 euros par personne, vous ne trouverez jamais mieux!
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Alors ce manger... Le must: un foie gras de canard poché dans un bouillon à la chinoise. C'est Claire qui avait gagné à chifoumi et qui a eu l'honneur d'accueillir l'engin. Oui parce qu'au resto, on fait bien attention de ne jamais prendre tous les deux le même plat. Bref. Fantastique ce foie gras poché: doux, fondant, poivré, onctueux. Facilement une des 5 meilleures choses mangées dans ma vie. Une réussite totale rehaussée par un vin blanc, pas doux mais "souple" comme ils disent sur la carte. Un Anjou Marie Besnard 2004, que je ne connaissais pas (mais en même temps, je connais rien en vin!).
vb
Voilà pour l'entrée. A côté, mon assiette de raviolis de palourdes et coques aux courgettes et thym citronné paraissait presque anecdotique. Et pourtant... J'aurais mangé ça dans n'importe quel autre resto, j'aurais sans doute attaqué sur ça. Mais après cette entrée comment faire plus pétaradant? Difficile mais peu importe. Ma volaille de Challans aux légumes d'hiver et à la truffe tapa dans le mille. Un plat léger (ici les écumes remplacent les sauces), doux comme une crème parfumée à la truffe. Pas très puissant mais très subtil. J'aurais du mal à me prononcer sur le plat de Claire dont voici l'intitulé exact: "Noix de Saint-Jacques rôties, raviolis de blette en 'écume' de topinambour,mouillette au beurre d'amande et une râpée de châtaignes crues". Je ne peux rien en dire car je n'y ai pas touché. Mais ça avait l'air de le faire! Toujours des vins (principalement blancs) qui rentrent dans les plats comme heu... le yin dans le yang. Car chaque plat est livré avec son verre. Idéal pour les tanches comme nous qui n'y entravons rien en vin. Mais mortel pour nos pauvres foies, meurtris en fin de soirée par ces mélanges.
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Sur le fromage par exemple. Une excellente fourme d'Ambert servie avec... "son verre de Porto". Génialissime accord mais le Porto ça balance en fin de repas. Une pause et c'est les desserts qui déboulent. Pour Claire: ambiance cocotiers avec "Crumble à la noix de coco, orage de mangue et fraîcheur exotique". Pour moi: du chocolat en forme de "Crousti crémeux de Guanaja". Simple et très très bon.
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Comme tout le repas. En réduisant son train de vie (de 3 à 2 étoiles), Senderens a sans doute enlevé les artifices (Bresse, caviar, homard...) qui transforment une assiette de 2 en assiette de 3 étoiles. Une idée de génie finalement qui nous a permis ce soir là de passer sans doute notre meilleur moment jusqu'à présent dans un restaurant.
F.
vb
NB: invités nous n'avons rien déboursé en dehors du pourboire. Mais on évalue l'ensemble de l'oeuvre entre 250 et 280 euros au total, soit un total par tête de 130-140 euros à vue de pif.

2 commentaires:

davidm a dit…

Marrant ça ! Samedi dernier j'étaits moi aussi chez Senderens. Au deuxième service. A 22h30. On autait pu s'y croiser. Comme vous j'ai été un peu surpris par la promiscuité des tables, mais cela s'est vite calmé avec l'heure qui avançait. Le feu Lucas Carton etait pour moi aussi un rêve. Pour mon concours d'entrée au CFJ, j'avais interviwé le sommelier Olivier Marques.
Je n'ai pas été du tout déçu ! c'était un festival de saveurs. Une excitation totale des papilles. Et comme pour le symboliser le dessert "Crumble à la noix de coco, orage de mangue et fraîcheur exotique" était composé en partie de ces petits bonbons qui vous explosent dans la bouche. Un festival je vous dis !
Que dire aussi du saumon fumé légèrement poellé dégusté avec un whiskhy agrément d'une goutte d'eau. Jamais je n'avais trouvé un alcool qui se mariait avec le saumon. Que dire de mon tartare de veau et langoustines si ce n'est qu'il etait d'un raffinement difficile à égaler. Bref, Senderens a réussi son pari de remodeler un peu sa cuisine.
Clou de la soirée : j'ai rediscuté ave le sommelier, nous avons reparlé de mon interview il y a trois ans et demi. C'était sympa.
En somme, vous l'aurez compris : ce fut pour moi aussi l'un de mes meilleurs moments dans un restaurant !
l'addition : 253 euros.

Anonyme a dit…

besoin de verifier:)