jeudi 28 août 2008

Le Clos des Sens: "Ça remue dans tous les sens"



Y'a pas que Veyrat à Annecy. Si, si, on vous le dit. Pour notre second resto en Haute-Savoie, on a laissé dans le rétroviseur Veyrier-du-Lac et le mégalo au chapeau. Direction Annecy-le-Vieux, petite bourgade pas franchement sexy à quelques secondes de voiture de la Préfecture. C'est dans les hauteurs du village avec vue sur le Lac que se trouve Le Clos des Sens, du chef Laurent Petit. Frais émoulu de la deuxième étoile s'il vous plaît.
c
Déjeuner sur la terrasse, face au Lac et sous un marronnier rafraîchissant... Le pied! "Vous voulez une coupe de Champagne?", nous alpague une serveuse. Pardi qu'on en veut! Et c'est parti pour quelques friandises: bulle de petits pois "à la française" à "manger en une seule bouchée", eau de tomate (sublime!) et sucette glacée à la roquette. Et c'est le choix des menus: de 33 à 100 euros. On connaît quelques "0 étoile" à l'addition plus salée. On opte pour la Découverte à 78 euros (on se marie pas tous les jours...) autour des produits du Lac.
c
Et ça part très fort avec... une tartiflette! Bon bien sûr pas celle de "Chez Clément": l'oignon est ici servi en sorbet, le Reblochon dans un cône croustillant et la pomme de terre en fine chips translucide... C'est bon la Haute-Savoiiiiie! A peine le temps de dire "mmmmmh" que déboule une assiette recouverte d'un verre à l'envers qui emprisonne une étrange fumée. Une potion magique signée Hermione Granger? Pas vraiment. Le sorcier Laurent Petit maîtrise mieux le bout de lard que Poudlard. Quand la fumée se dissipe, c'est un cube de foie gras recouvert d'une fine tranche de fera qui s'esquisse sous la cloche de verre. Le tout baigné d'une magnifique odeur de hêtre fumé. La Montagne est belle...
c
Après la forêt, on plonge dans le Lac (l'eau est à 22° en cette saison). "Gratin d'écrevisses", nous dit-on, "recuisiné", nous précise-t-on. A savoir, une ronde d'écrevisses qui entoure une bulle de bisque avec une tuile croustillante à portée de main. Un plat chaleureux et fort en goût. C'est là qu'arrive le "plat référence" (comme disent les joueurs de foot pour parler des matchs gagnés 4-0). Une tranche de truite sauvage cuite à basse température juste posée sur une émulsion d'huile d'olive des Baux-de-Provence. Une assiette blanche dans laquelle la serveuse saupoudre de l'huile d'olive cryogénisée. Ça fume dans l'assiette, c'est chaud, c'est froid, fruité, salé, doux, onctueux... Ça remue dans tous les sens.
c
Comment faire mieux? Impossible. La déclinaison de brochet qui suit paraît anecdotique et il n'y a guère que le magistral Beaufort pour exciter encore un peu nos papilles. Les desserts sont parfaits mais l'appétit est en berne. Délicieuse coupe de framboises pourtant avant une ultime variation chocolatée qui nous met (ca)KO. Promis, la prochaine fois qu'on remontera sur le ring dans le coin, ce sera face à Veyrat.
F.
c
NB. 220 euros pour un repas pour deux au Champagne (15 euros la coupe), un café et une Evian.

mardi 26 août 2008

Le Bilboquet: "Gentil jeu d'adresse"


Et voilà qu'on (re)réveille Stupeur et Fourchette à la faveur d'une virée à Annecy. Sauf qu'on aurait dû le réveiller bien avant. En juillet, il y a eu Le bistrot d'Eygalières, deux étoiles au Michelin et des milliers d'étoiles dans nos yeux; en août, il y a eu A côté, le bistrot ouvert par Rabanel à Arles, cuisine hispanisante bien pensée, rapport qualité/prix trop rare dans le coin... Bref, on aurait dû mais on n'a pas fait.
c
Donc aujourd'hui, il y a eu Le Bilboquet à Annecy. On n'y tombe pas dessus par hasard (il y a des kilos de restos à Annecy) et la déco n'incite pas à franchir la porte. Pour l'environnement, c'est pas top: aux frontières du kitch, du classique suranné... Rien de vraiment tout ça non plus. Les rideaux sont trop lourds, les peintures des assiettes agressives, les murs trop jaunes, les serviettes trop plissées... La cuisine, en revanche, n'a rien de compassé et la gentillesse des maîtres des lieux adoucit le jaune. Vingt euros pour le menu "Retour du marché". Et le chef a beau s'appeler Eric Besson, il ne trahit personne.
c
On commence par un gaspacho servi dans une coque d'oeuf dans laquelle nagent des moules de Bouchot. C'est bien parti. Fred sirote un vin blanc du crû bien frais quand arrive le plat: trois petites tranches de fera grillées sur leur peau (vraisemblablement le poisson du coin) juste posées sur un lit de pleurotes et de girolles. Les goûts se mélangent: le filet de sauce au fenouil, les tomates en cocotte, les légumes du marché. Pas mal du tout. Dessert simple et efficace: un pain perdu brioché avec des fruits au sirop maison. Total: 60 euros à deux. Mais pourquoi n'a-t-on pas ça à Salon?!
C.
c
NB. 60 euros pour deux personnes, formule du midi, deux verres de blanc, un Coca et un café. Qui dit mieux?
c